Les églises de Six-Fours

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Paroisse Sainte Anne de Six-Fours

VENDREDI 23 MARS – 19h30

CONFÉRENCE ÉSOTERISME - EXORCISME

PAR LE P. FROPPO

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Une église disparue avec le vieux Six-Fours

COURTINE

(avec l'aimable autorisation du Commandant GUERIN)



Avant 1657, date de la séparation de SIX-FOURS et de LA SEYNE, le « grand Six-Fours» comptait sur son territoire, dix huit églises et chapelles.

Après 1657, il en restait encore une quinzaine. De nos jours, il n’en subsiste que sept: la Collégiale St Pierre, Notre Dame de Pépiole, Notre Dame d’Abondance aux Playes, Ste Cécile aux Embiez, Notre Dame de l’Assomption à Reynier, Notre Dame de la Garde à Sicié, St Pierre au Brusc auxquelles on peut ajouter une église nouvelle: Ste Thérèse aux Lones.

Ces sanctuaires ont été largement décrits et sont bien connus des Six-Fournais ; par contre il est peut-être intéressant, pour rafraîchir les mémoires, de consacrer quelques lignes aux églises et chapelles disparues du moins pour ce qui concerne les plus importantes, notamment Notre Dame de la Courtine

A la fin du XIème siècle, certains vicomtes de MARSEILLE mènent une politique de pouvoir, de profits, d'accaparements, de bien matériels. Ils étendent leur main mise jusqu'aux abbayes notamment St Victor et ses dépendances. C'est ainsi qu'en 1125, Raymond Geoffroi, seigneur de Six-Fours, individu difficile et dénué de scrupules s'empare par la force du château de Six-Fours au détriment des moines de St Victor et chasse ces religieux de presque toutes les terres qu'ils exploitent sur ce territoire bientôt réduit à l'indigence pour assurer leur survie. L’Abbé de St Victor est contraint d'emprunter de fortes sommes auprès d'usuriers juifs. La générosité de FULCO, Evèque d'Antibes permettra à St Victor de se libérer de sa dette et d'éviter de nouvelles spoliations.

Le village et le territoire de Six-Fours ayant été placés, par décisions des Papes Grégoire VI et Pascal II, sous la sauvegarde de l'Eglise Romaine, les moines font, enfin, valoir leur droits et réagissent selon leurs moyens: le Sieur Raymond Geoffroi est proprement excommunié et interdit d’entrée dans l'église St Pierre. Furieux, le prince se retire dans le château, fait renforcer les défenses intercepte toutes les communications entre le village et le prieuré et enfin, sur les vestiges d'un temple païen, il fait édifier une église sous le vocable « Ecclesiae Sanctae Mariae de Cortina » (Notre Dame de la Courtine) il appelle un prêtre séculier pour desservir ce sanctuaire et interdit aux villageois de fréquenter d'autres églises.

Telle est l'origine de Notre Dame de la Courtine:

Certains historiens locaux racontent que, du côté Est de cette église, existait un massif de maçonnerie et une grande pierre noire perforée en trois endroits, ce massif et cette pierre étaient objets de certaines superstitions ainsi, lorsque la lune venait éclairer la pierre, tous les sorciers et sorcières de la région se rassemblaient en cet endroit; durant le jour femmes et vieillards passant devant la pierre devaient se signer pour se protéger des maléfices et des malignes influences de la pierre noire. On peut supposer que ces superstitions aient pu, longtemps hanter les esprits et voilà peut-être pourquoi les premiers chrétiens n'édifièrent pas leur basilique St Pierre à l'intérieur du village mais à l'extérieur.

Après la mort du Vicomte Raymond Geoffroi, en 1156, sa femme et ses enfants sont contraints par le Comte de Provence, à restituer aux moines de St Victor, tout ce que leur époux et père avait usurpé.

Notre Dame de la Courtine ainsi que le château deviennent propriété de St Victor.

L'église était construite de grosses pierres de taille qui supportaient l'abside : le reste étant bâti avec des pierres prises sur les lieux, ou des pierres de réemploi. Elle fut remaniée en 1624 d’après un devis de Julien ROLLET architecte à Toulon; Messires Pierre MARTINENQ et Barthélémy VIDAL étant recteurs de la chapellenie. De même, on commanda le retable de l'autel à POUQUIER de Six-Fours et, le 31 Juillet 1640, Messire PONCHANT, de Marseille fut chargé, pour la somme de 200 livres, de dorer la boiserie. Qu'est devenu ce retable ? Nul ne le sait

L'édifice comportait alors, une seule nef divisée en quatre travées par quatre rangées de piliers reliés par une corniche. Orientée Est-Ouest, elle se terminait à l'Est par une abside semi-octogonale, la porte d'entrée étant à l'Ouest.

Le 25 octobre 1335 : Notre Dame de la Courtine est le siège d'une très importante réunion sous la présidence de Gilbert de CONTABON, Abbé de St Victor, en présence de Raymond de SABRAN et de 137 notables de Six-Fours lesquels, au nom de la population prétèrent, « solennellement et librement » serment de fidélité à l'abbé de St Victor, seigneur spirituel et temporel de Six-Fours.

Le 10 Avril 1391, Dame Giletta de ROTIS passe, devant notaire, acte de fondation d'une messe quotidienne, à perpétuité, à célébrer tous les matins à l'aurore.

En 1650, Messire Guillaume DENANS, dernier recteur de Notre Dame de la Courtine se démet de sa charge; la chapellenie est alors rattachée au Chapitre de St Pierre maintenant érigée en Collégiale.

A la révolution, en 1793, Notre Dame de la Courtine est vendue comme bien national. Complètement abandonnée depuis cette époque, voûte effondrée, elle sera entièrement rasée, en 1875, par le génie militaire chargé de la construction du fort. Le portail, oeuvre de ROLLET, est, heureusement, protégé; il sera démonté, pierre par pierre, il sera reconstruit... dans le Jardin Public de Toulon après que le Conseil Municipal de cette ville en eut décidé l'acquisition pour la somme de 200 Francs. On peut se demander pourquoi les Six-Fournais n'eurent pas le bon sens de conserver cette oeuvre d'art un des rares vestiges du Vieux Six-Fours ?