Abandonné depuis la Révolution, cet édifice a été sauvé de la ruine vers laquelle il s'acheminait par le révérend père Dom Charlier qui le restaura et lui rendit son aspect primitif tout en découvrant sa très grande antiquité. Rendue au culte en 1954, la chapelle est devenue depuis un petit centre de culture oecuménique.
Historique (extrait des chapelles de Provence de Robert Bailly, Ed. Horvath)
Si ses origines sont assez incertaines, elle a réservé de surprenantes découvertes lors de sa réfection et de fouilles occasionnelles. C'est ainsi qu'au cours de ces dernières, outre de nombreuses et intéressantes sépultures, on effectua une abondante moisson de débris céramiques s'échelonnant du VIIIème siècle au XVIIème, l'un de ces fragments pourrait même faire supposer une occupation grecque ce qui, somme toute, n'aurait rien d'étonnant. D'autres vestiges, déterminés comme étant d'origine musulmane et de type espagnol, remonteraient au VIIIème siècle. Historiquement, les données sont rares et l'on pense que l'actuelle Notre-Dame de Pépiole est peut-être l'ancien prieuré de Sancta Maria de Sextis furnis plusieurs fois mentionné sur le cartulaire de Saint-Victor de Marseille au XIème siècle.
Structure de l'édifice
C'est une construction à trois nefs, voûtées en berceau, communiquant entre elles par deux grands arcs en plein cintre et se terminant par une abside semi-circulaire voûtée en cul-de-four. Le plan est donc très simple, mais seulement en apparence, car cette simplicité cache en réalité plusieurs campagnes de restaurations ou de transformations ; en outre, il révèle, selon toute probabilité, un établissement monastique très ancien. D'après les fouilles pratiquées et les vestiges découverts, on peut le faire remonter à l'époque carolingienne. Il semble que, primitivement, les trois nefs étaient distinctes. Pour des raisons de commodités, elles furent ouvertes vers le XIIème siècle, ou avant, et réunies par les deux arcs, d'une conception audacieuse, déjà signalée.
Si l'on étudie le matériau employé, on voit tout de suite qu'il est uniquement composé de blocs à peine dégrossis, mais placés en appareil assez régulier. On observe en même temps que les arcs de séparation ont été réalisés avec des pierres d'une étrange couleur bleue, de même grosseur, mais bien équarries et bien taillées, laissant entrevoir une certaine maîtrise dans l'exécution : celle de l'art roman. Ces genres de constructions représentent donc deux périodes de travaux. Les absides sont également bâties en moellons bruts, mais toujours disposés sur rangs réguliers avec un goût certain.
L'arc triomphal de l'abside centrale est plus soigné, les pierres plus belles par rapport à celles des absides latérales, peu profondes.
Autre fait important: aucune décoration architecturale, pas de chapiteaux, colonnes ou impostes, pas de colonnes... rien ! Même les fenêtres sont inexistantes, mises à part de petites ouvertures aménagées à des hauteurs inégales.
Les origines
Une question se pose: à quelle époque remonte Notre-Dame de la Pépiole ? L'entrée, la voûte à doubleaux de la nef latérale gauche et les deux grands arcs peuvent être datés du XIème ou du XIIème siècle, le reste étant bien antérieur. Mais il y a plus : au cours des recherches, on a exhumé en travers de l'abside gauche un mur perpendiculaire à la nef comme si, primitivement, les nefs latérales n'avaient été que de simples annexes, de forme rectangulaire, identiques à celles que l'on rencontre dans certaines églises syriennes des IVème et Vème siècles. A cette époque, la nef médiane seule se terminait par une abside dont le plan, et peut-être les soubassements, se retrouvent dans le chevet actuel.
Le révérend père Dom Charlier, qui oeuvra pour la restauration de cet édifice et s'est consacré aussi à son étude, suppose, à juste raison, que des liens pouvaient être établis entre Notre-Dame de la Pépiole et l'époque ou le lieu d'origine de saint Cassien que l'on dit être Provençal de naissance. Afin de s'initier à la vie des ascètes orientaux, Cassien serait parti pour l'Orient à la fin du IVème siècle et revenu en Occident vers 405 pour se fixer à Marseille où il fonda, vers 414, le monastère de Saint-Victor auquel la Pépiole appartint très longtemps. Comme on le voit à Lérins, l'influence orientale ressort dans ces chapelles, il n'y aurait donc rien d'étonnant que Notre‑Dame soit également apparentée aux édifices orientaux... d'ailleurs on note l'emploi d'un liant végétal pour la voûte centrale et le cul-de-four de l'abside. On se trouve donc devant l'une des chapelles du genre qui se serait le mieux conservée, non seulement en Provence, mais en France.
Cet exposé, certainement très technique, s'imposait. Son intérêt est dû surtout aux éléments que le R.P. Dom Charlier a bien voulu nous communiquer, ce dont nous lui exprimons notre vive reconnaissance.
Il ne faut pas omettre de détailler la chapelle de l'extérieur, de voir les clochers-arcades qui la dominent, de se pencher sur les tranchées de fouilles laissant deviner de très anciennes substructions.
Quant aux constructions avoisinantes, transformées peut-être aux environs du XVIIème siècle et rénovées récemment, ce sont les restes de l'ancien prieuré élevé vers le IXème siècle.
Cette très ancienne chapelle préromane, à trois nefs juxtaposées orientées est-ouest et trois absides, est ornée d'un clocher et d'un campanile. Elle fut restaurée dans les années 50 et 60 par le Père Charlier. Les parties les plus modernes sont du XIIème siècle (le portail, la voûte à doubleaux de la nef nord et les deux grands arceaux de pierre bleus). La chapelle fut inscrite à l'inventaire des monuments historiques en 1967. A noter, la présence d'une belle statue de la Vierge à L'Enfant datant du XVIème siècle
Visite gratuite. Possibilité de visite accompagnée sur demande auprès des responsables: 04 94 63 23 03. Ouverte de 15 h. à 18 h. Messe le dimanche à 9 h 30. Accès difficile en car. Parking voitures. Sentier pédestre.